Les agents immobiliers font partie de ces professions dont le secteur d’activité est toujours en partie bloqué par les règles sanitaires. Les visites de biens à vendre ou à louer sont très difficiles, voire impossibles à organiser. Comme les coiffeurs ou d’autres professions encore à l’arrêt, le secteur des agences immobilières attendait des assouplissements. Il les obtient. Dès le 13 février, les agents immobiliers pourront, à nouveau, organiser des visites de biens immobiliers.

Les agences immobilières sont ouvertes

Les agences immobilières ne sont pas complètement à l’arrêt. Elles ont l’autorisation de travailler et d’être ouvertes au public. Il y a des règles sanitaires strictes à respecter. Par exemple, une personne par 10 m2, port du masque, usage de gel désinfectant. En théorie, la durée d’un rendez-vous avec un client ne doit pas excéder 30 minutes, sauf s’il s’agit d’un rendez-vous fixé et programmé, explique-t-on du côté de l’IPI, l’Institut professionnel des agents immobiliers.

Sur le terrain, c’était très compliqué

Là où la situation se corsait, c’était sur le terrain. Dans le cadre des activités commerciales avec des clients particuliers, lorsqu’il s’agit d’acheter, de vendre ou de louer un bien, les visites et déplacements à domicile étaient, en principe, interdits. Cependant, la ministre de l’Intérieur avait précisé cette règle, dans des questions-réponses. Dans la pratique, pour le moment, les visites de biens immobiliers sont possibles « si le seul visiteur est présent », précise Nicolas Watillon, le nouveau Président de l’IPI, l’Institut professionnel des agents immobiliers. Concrètement, l’acheteur potentiel d’un bien ou le candidat locataire doit visiter seul le bien en question. L’agent immobilier ne peut entrer dans le bâtiment en même temps. Même chose lorsqu’il s’agit de procéder à l’évaluation d’un bien en vue d’une vente. L’agent immobilier ne peut pas être accompagné du vendeur pour visiter ce bien. C’est cela qui va changer à partir du 13 février.

En effet, l’interdiction d’organiser des visites rendait le travail compliqué, puisque l’agent ne pouvait pas accompagner son client à l’intérieur d’une maison ou d’un appartement. Pour les ventes, les évaluations de biens, c’est une situation qui posait de nombreux problèmes. « C’est compliqué, car le logement est un besoin essentiel. On vit des drames. Vous avez des locataires qui ne veulent plus partir de leur logement parce qu’eux-mêmes ne savent plus trouver un nouveau logement. Donc, ils refusent des visites. Sachant qu’un visiteur va visiter un bien, une fois qu’on occupe ce bien, cela complique vraiment la donne. Quand un bien est vide, c’est plus facile, mais il y a quand même beaucoup de biens qui sont occupés », explique Nicolas Watillon. Beaucoup d’agents immobiliers sont, dans les faits, dans l’impossibilité de faire des visites, explique-t-on à l’IPI. « Or, vous avez des gens qui doivent vendre, parce qu’ils sont serrés financièrement. Vous avez aussi des décès, des héritages. Pour clôturer des héritages, il y a des opérations, des ventes qui doivent se faire et qui sont bloquées. J’ai vécu le cas de gens qui avaient un crédit pour une durée donnée. L’acte a dû être reporté parce que le vendeur n’avait pas trouvé de nouveau logement. Se pose alors la difficulté du crédit qui doit être renégocié avec la banque pour prolonger et voir si les clients acheteurs auront encore le crédit », détaille Nicolas Watillon. Ce sont autant de situations complexes pour lesquelles les agents immobiliers espéraient des solutions. La possibilité de réorganiser des visites de biens immobiliers à partir du 13 février était attendue.

Pour les biens à usage professionnel, la situation est plus simple. Là, les visites sont déjà autorisées normalement.

Les agents demandaient un cadre de travail moins flou

Selon l’IPI, il est difficile actuellement de chiffrer les conséquences financières qu’ont ces restrictions liées au contexte sanitaire. « Les agents immobiliers, les courtiers sont payés à retardement. Ce que vous gagnez aujourd’hui, c’est ce que vous avez travaillé il y a trois ou quatre mois », explique Nicolas Watillon. Et il poursuit : « Ce qui ne se fait pas aujourd’hui, on en verra vraiment l’impact dans trois ou quatre mois. Et là on aura un vide. D’après ce que j’entends de mes confrères, il y a vraiment une baisse d’activité, autour de 50%, 60%, voire plus ».

Les agents immobiliers regrettent que le cadre qui régit leurs activités actuellement soit compliqué. Il y a l’arrêté ministériel, mais à côté de cela, il y a les réponses que la ministre a données aux questions posées. Elles précisent le texte de base, mais sont parfois contradictoires, notamment sur l’organisation des visites de biens.

Raison pour laquelle, le secteur immobilier demandait des règles claires. « Ayons des règles claires et simples pour qu’elles soient respectées sur le terrain », demande Nicolas Watillon, de l’IPI.

A court terme, les agents immobiliers espéraient aussi pouvoir, idéalement, reprendre les visites de biens, moyennant le respect d’un protocole sanitaire strict. Le secteur dispose, depuis le mois de mai, lorsqu’il avait été autorisé à reprendre ses activités, d’un guide sectoriel avec les bonnes pratiques (gel, masques, distance sociale, aération des locaux, etc). Il se dit prêt à affiner ces règles, si nécessaire, dans l’espoir de pouvoir reprendre des activités plus « normales ».

En conclusion, le Président de l’IPI, lançait, ce vendredi, avant le Comité de concertation, une réflexion : à côté des agents immobiliers, il y a les ventes et les locations qui se font sans agences, de particulier à particulier. Et là, les règles sanitaires ne sont pas toujours aussi bien respectées que ce que le secteur des agents immobiliers proposerait de faire.